Christine Muller
J’entre dans l’Atelier…
La lumière est partout. Il est grand temps de partir. J’emporte avec moi un trésor.
Un objet que mon regard accroche. Ce coquillage sur un meuble. L’oiseau à la fenêtre.
Un souvenir, une sensation, un mot, une déchirure. L’audacieuse épluchure.
Peu importe, je pars. Ainsi commence le long, l’étonnant voyage…
Sur la toile les formes s’installent et me défient. Je vais les traquer, les essouffler, les disproportionner jusqu’à trouver leur fragile point d’équilibre. Je vais réinventer leur lumière. Leur offrir une autre symétrie. Tenter de les rendre libres.
Le dessin préliminaire m’ennuie profondément. Il figerait sur la toile une histoire qui n’aurait pas vécu et ôterait à l’œuvre, mon humanité. Mon nécessaire cortège de doutes, d’échecs, de désespérances. J’ai besoin de ne rien savoir afin de me laisser porter…
Je vais construire avec rigueur dans le seul but pourtant, de déconstruire. Puis construire à nouveau sur la toile agonisante et dépouillée, un possible devenir. Je dois trouver pour mon repos, l’indispensable. L’œuvre aboutie enfin ne peut naître que de ce combat-là.
Déroutant ballet où se mêlent étroitement, gravité et légèreté…
Le frisson est toujours là.
Les histoires que je peins m’étonnent toujours et me nourrissent mais plus encore, je suis émerveillée par ce frisson qui ne me quitte jamais et m’empêche d’oublier ce que, lorsque j’étais petite, je trouvais beau…
Christine Muller